The City of Absurdity The Straight Story
Reviews

The Straight Story

par Vincy, www.cannes-fest.com, 21 mai 1999

David Lynch a obtenu la Palme d'Or en 90 avec Sailor et Lula. Cinéaste au langage-montage quasi expérimentale, basé sur les émotions de l'image, il revient sur la Croisette avec une oeuvre qui n' a rien à voir avec ses films précédents.

Basé sur une histoire vraie en 94, Lynch s'offre un road movie lent et campagnard, loin du délire esthétique de Lost Highway.

Après Ciby 2000, disparu, David Lynch a réussi à garder son indépendance artistiques grâce aux capitaux d'un autre studio français, Canal +. C'est aussi le quatrième film du distributeur Bac en sélection officielle.

A STRANGE STORY

En fait il s'agit d'une histoire simple, et pour l'anecdote, révélatrice, du premier film pour tous publics (sans violence ni sexe) de David Lynch.

En rien, ce film ne ressemble à ce qu'a fait Lynch jusqu'à présent. Déroutant pour commencer, le voyage que nous offre le cinéaste est hélas un peu facile, sans surprise, notamment dans son traitement scénaristique.

L'esthétique du film est irréprochable, même si un peu trop voyante, et donc contradictoire avec cette story campagnarde et qui devrait être sans artifice. Mêlant des images de sols qui nous survivent (sillons fertiles, forêts osxygénées) à des visages de gens tous beaux tous gentils, la compassion selon Lynch - un sirop qui apaise plusqu'il ne nous fait délirer - est synonime de pardon. Mais on ne saura jamais la vraie raison de ce pardon.

C'est regrettable. Car ce portrait de l'Amérique plouc, ces bleds paumés chers à Lynch, ce film accessible à tous, repose sur des scènes magnifiques, des dialogues parfois drôles, des interprétations excellentes. Le bon sens des doyens le dispute à la bêtise des jeunes, la générosité des uns se confronte à l'ignorance des autres. Avec cette tondeuse John Deere 66, nous nous payons un voyage initiatique où chaque étape du vieillard devient des escales dans son passé. Là encore, le script n'a rien d'original, et frôle parfois une sorte de démagogie.

Il y a des éclairs de génie: le personnage de Sissy Spacek, admirablement joué, qui sort des phrases telles que "C'est quoi le numéro du 911?" ; la femme qui écrase les daims ; les deux jumeaux qui rappellent les excentriques des films précédents ; et surtout ce dialogue entre deux vieillards qui se racontent leur seconde guerre mondiale, qui ne peuvent pas oublier, qui nous mettent au bord des larmes.

Dommage que Lynch gache cela avec une fin baclée, expédiée même, avec un scénario qui se concentre sur la première semaine et la dernière, avec un discours rabaché sur la sagesse des vieillards. Sans parler d'une confession catholique dans un cimetière, paradoxe qui aurait pu être génial, mais qui dégouline de morale.

Au final, il s'agit d'un bon film qui veut directement aller à notre coeur plus qu'à notre tête. Ce Rainman version Lynch, nous séduit, mais ne nous transporte pas.

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© Mike Hartmann
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